Intro – 0'44
Plus on avançait dans l'écriture et plus le concept de l'album se dessinait et je trouvais ça intéressant d'avoir ces horloges et des coucous qui deviennent barjos. Chez Luc Besson, au studio Digital Factory, dans la maison en Normandie, on est allé piocher dans leur banque de son. Comme c'est des bruiteurs de cinéma, on leur a demandés s'ils avaient des horloges, et ils en avaient des milliards ! On a choisi ce qu'on voulait et on a tout remélangé sur Pro Tools. C'est pour montrer que le film commence... et se déglingue. C'est pas un album pop, quoi !
Les portes du soir – 5'43
C'est le genre de titre qu'on a jamais fait, c'est une vraie nouveauté par rapport à l'actif et au passif d'Indochine. Ca a été composé par Marc, Oli et moi au tout début. Il a un esprit très live, ça part de tous les côtés...
J'avais aucune idée pour le texte mais j'avais vraiment envie de montrer qu'on va s'ouvrir vers quelque chose avec ce titre. On l'a co-écrit avec Matthieu Lescop (Asyl,ndlr). Au final j'ai un peu « réarrangé » quelques trucs. Par exemple, à un moment, je dis : « Est-ce que tu connais les portes du soir qui font pleurer l'intérieur des filles les jambes écartées, les yeux qui brillent ». moi je voulais mettre les « jambes repliées », mais j'ai finalement gardé sa version même si je trouvais que c'était plus mignon « les jambes repliées ». je m'imaginais ces deux personnes dans leur chambre en train d'angoisser un peu, repliées un peu comme des fœtus. Dès ce morceau, j'interprète ces 2 filles, ce qu'elles se disent, ce qu'elles pensent, ce qu'elles veulent exprimer, ressentir, etc.
Alice & June – 3'43
Pour l'album il y a 3 sources d'inspiration qui me sont arrivées. Quand je suis parti à Tokyo, j'ai rencontré des filles qui font partie d'un collectif manga, qui sont regroupés autour de Tokyo Bravo et Girl's Don't Cry. C'est des livres qu'on ne peut trouver qu'à Tokyo. J'en ai rencontré 2 ou 3, et elles font des histoires vraiment trash, mais absolument pas vulgaires... Ca m'a assez influencé, elles parlent de leur anorexie, elles parlent de leurs problèmes sexuels, elles parlent de pas mal de choses... Après, il y a eu le suicide de ces 2 jeunes filles qui ont sauté d'une falaise au mois de janvier l'année dernière, et il y a Alice au pays des Merveilles que j'avais acheté pour le raconter à ma fille et, en le redécouvrant, j'ai trouvé que c'était assez déglingué quand même. C'est presque un trip ! Ca a un peu mûri dans ma tête, et à partir de là, j'ai essayé de bâtir une histoire autour de deus jeunes filles sans âge qui se racontent des choses. Là c'est June qui parle à Alice, et plus tard on retrouve June parlant de ses problèmes à elle. Tu sais, aujourd'hui, on est soi-disant dans un monde de communication, mais on communique de moins en moins. Il y a les mails, les machines, les trucs, mais en même temps on ne communique que via Internet et on écoute personne en fait.
Pour en revenir à ces 2 filles qui se sont jetées d'une falaise, elles déclaraient depuis un bon moment sur leur blog qu'elles voulaient partir. Elles avaient lancé des signaux d'appel avant de passer à l'acte...
Ouais, ça prouve vraiment qu'on écoute personne... Et là, récemment, il y a encore deux filles qui ont sauté d'un immeuble en banlieue parisienne. En ce moment, il y a comme une vague de suicides collectifs d'adolescents. Ils ne veulent pas se suicider seuls. C'est assez curieux. Moi, je n'ai pas du tout envie de faire l'apologie de ça, bien au contraire, mais le constat est surtout qu'on écoute personne, qu'on ne les écoute pas... Alors que je pense qu'il n'y a pas grand chose, c'est un problème qui devrait être tellement facile à résoudre...
Gang Bang – 3'25
C'est parti d'un pattern de François, comme quoi un morceau peut partir de la batterie ! Ca parle entre autre du fait qu'il n'y a rien de pire quand t'es amoureux que d'être absorbé par autre chose. Moi ça m'est arrivé à l'école, d'être amoureux d'une fille, de penser qu'à ça, et effectivement mes carnets scolaires en résultaient. C'est pour ça que ça a l'allure d'un carnet scolaire. « Peut mieux faire », « Nul à l'oral », enfin, ce genre de choses... « Nul à l'oral », ça peut avoir une signification sexuelle... Aujourd'hui, les gens se donnent des notes genre « Elle tire bien cette meuf » ou vice-versa « Qu'est-ce qu'il embrasse bien ce mec ».
Adora – 4'40
Adora, en fait, le gimmick vient de moi. J'ai trouvé ce truc un jour, je l'ai présenté à Olivier, et en 2 jours c'est devenu ce morceau ; c'est un peu disco rock dans la rythmique. Pour Indochine, c'est pas une nouveauté, on a toujours voulu faire du rock qui fait danser les gens. Pour le texte, au départ, j'imaginais un truc complètement glauque dans ma tête : un mec en train de se faire fouetter par une maîtresse et qui aime ça, un truc complètement SM. Et puis, en fait, ça a dérivé sur ça, le fait de se torturer la tête pour rien ! Tout est mélangé en fait. Ca va bien avec ce titre et ce gimmick très incisif. Je pense que c'est une des chansons les plus modernes qu'on ait écrites à tous les niveaux. Pour moi, c'est du rock moderne ça. Dans le rythme et le fait qu'il n'y ait pas de refrain... c'est une écriture différente.
Ladyboy – 4'48
Qui était A la vie à la mort à l'origine à cause du texte parce que Ladyboy c'est une promesse. Le premier album, en fait, c'est la promesse. Les deux filles se font une promesse et la deuxième partie de l'album c'est le pacte, elles signent un pacte pour aller là où elles voudront. Et là, c'est presque une promesse de scout : « on se suivra à la vie à la mort, on sera deux mais peut-être qu'on sera 2000 plus tard ». Je trouvais le texte magnifique, mais ça, je n'en suis pas responsable... C'est Valérie (Rouzeau, ndlr) qui a écrit ça. C'est le titre que la maison de disque voulait absolument sortir en 1er single. C'est un des titres les plus évidents, l'un des plus forts mélodiquement. Ce qui est intéressant sur ce titre, , c'est cette idée d'évolution et de crescendo. Au début, ça part doucement, 1er couplet, 2ème couplet ça commence à se durcir, 3ème couplet ça se dégrade. Là, on est en train d'écrire le clip et, à mon avis, si on arrive à le faire, je pense que ça va être quelque chose d'assez fort.
Black Page – 4'26
Un titre qui a été écrit à Paris en une journée. C'est un petit peu un hymne gothique. Oli a trouvé ce pont incroyable. Moi, pour le refrain, je voulais ce truc avec des lalala, donc on a tourné un petit peu, 5-10 minutes autour des ces accords, et puis c'est venu très vite, très vite.
Pink Water (avec brian Molko) – 5'18
On était au mois de septembre 2004, j'étais parti en week-end rejoindre ma fille pour ne pas trop m'éloigner d'elle, et j'ai laissé Olivier tout seul dans le studio en Normandie. Quand je suis revenu, il avait écrit cette chanson, il en avait la base mélodique, quoi. Donc je suis arrivé le lundi après-midi et le soir elle était faite au niveau de l'écriture de la voix avec une phonétique anglaise. A l'époque, ce n'était pas du tout un duo qui était prévu, et finalement il s'est passé ce truc avec Brian.
Tout le monde a entendu ça et tout le monde pense que ce sera un single, mais alors là, on rentre dans une configuration complètement... Justement, je l'ai eu hier au téléphone et on était un petit peu énervés parce que je pense que sa maison de disques à lui n'est pas tout à fait d'accord pour que ça sorte en single parce que Placebo sort aussi un album. Et là, on entre dans des considérations de marché ! Et hier, on se disait, mais putin c'est con, c'est comme les Rolling Stones et les Beatles, on a fait un truc super cool sans aucune arrière-pensée, et finalement c'est la guerre économique ! Perso, je ne pense pas que si ce titre sort en single dans 6 mois ou 1 an, il torpillera les ventes de Placebo ! Mais là, on s'adresse à plus haut que nous ! C'est à dire que, lui comme moi, on est pas les maîtres de l'échiquier. Mais bon, le principe, c'est qu'elle existe sur l'album. Après, single ou pas, je m'en branle. Et puis si finalement les radios décident de s'en emparer un jour, personne ne pourra non plus les empêcher de le faire !
Un homme dans la bouche – 5'05
C'est un titre qu'une partie du groupe a trouvé vulgaire, mais moi c'est une de mes chansons préférées. C'est un titre très nonchalant. La phrase la plus simple dans ce titre c'est : J'ai un petit amoureux mais il ne me voit pas. On est ensemble mais personne nous voit.
Vibrator
Ca c'est un titre qu'on a composé comme ça en une journée. On recevait ce jour là un garçon qui était atteint d'une leucémie, apparemment en phase de rémission. C'est un gamin qui adore tout ce qui est Korn, etc. et qui voulait absolument nous voir en studio. En fait, il a assisté complètement à la création de ce morceau. Le refrain peut presque faire penser à un truc comme Queen Of The Stone Age, le refrain est plus lyrique alors que le reste de la chanson est totalement punk. On a rajouté aussi quelques cris tirés des vidéos amoureuses que Boris emmène généralement avec lui en tournée... (Rires)
Ceremonia – 3'37
Ca aussi, c'est vraiment l'une de mes préférées. On m'a dit qu'il y avait un peu une ressemblance avec Les Cranes sur le pont et c'est plutôt juste. Dans le texte, la fille se retrouve seule dans sa chambre, en s'interrogeant sur elle, sur ce qu'elle va devenir, et si on va finir par l'entendre. C'est le rêve aussi. Elle attend qu'in prince charmant vienne la cueillir. Combien de fois j'ai vécu aussi , à 15 ans, d'être seul dans ma chambre en me demandant qui m'écouterait un jour. Là, c'est la fin de la promesse, et la suite va être beaucoup plus hard...
Intro 2 – 0'42
Même trip que l'intro du disque 1 mais cette fois ci avec des boîtes à musique. Le temps se déglingue dans la première partie, et là c'est le matériel et la musique qui se déglinguent.
June – 5'04
Certainement mon titre préféré. Je trouve que c'est un des titres les plus forts de l'album. C'est une chanson sur l'anorexie et je me demandais comment écrire quelque chose là-dessus sans faire un truc juste pour se donner bonne conscience. Finalement, j'y suis aller franco et je ne pensais pas que cette chanson allait provoquer presque un malaise dans les paroles. L'anorexie, c'est quelque chose d'impalpable, incompréhensible, et qui énerve beaucoup les gens, je pense. Dans cette société d'opulence, de foie gras et de consommation, le fait de refuser de manger ou de se faire vomir énerve.
Sweet Dreams – 4'59
Au départ, c'était le nom de code. Je n'ai pas voulu le rebaptiser même si cela peut faire référence au titre d'Eurythmics ou à la reprise de Marilyn Manson. Ce titre est vraiment un doux rêve. Le refrain est très « pop », presque coldplayien, et tu as un couplet qui fait presque penser aux premiers Radiohead dans les accords. Ouais, c'est vraiment une chanson que j'aime beaucoup. Olivier avait du mal à la produire, il l'a pensée trop pop, et là, Dave Bascombe a vraiment fait du bon travail au mix parce qu'on arrivait pas à faire sonner cette batterie sans qu'elle fasse trop pute variète ! (Rires) C'est une chanson que certains aimeront et que d'autres détesteront, mais moi elle me touche beaucoup. C'est un bel acte d'amour.
Crash Me – 5'30
On a piqué le « Welcome to our Paradise » sur un des films qu'on a trouvé dans la DVDthèque de Besson où il y avait des films de Klapish, Ni pour ni contre (bien au contraire) avec Marie Gillain. C'est un braquage qui tourne mal, et en fait elle récupère toute la thune, se retrouve toute seule, elle va à Miami et est accueillie par une Américaine toute fripée qui lui dit : Welcome to our Paradise. Je trouvais que c'était un joli clin d'œil à Paradize. Et là, c'est le pacte qui devient réalité. Là on est au bord de la falaise. On est pratiquement au bord, c'est pour ça que j'ai appelé cette chanson Crash Me... C'est la chanson préférée de Oli et Dave. Boris l'adore aussi.
Belle et Sebastianne – 3'38
Là, c'est une sorte d'hymne. Ca faisait très longtemps que j'avais envie de retrouver un refrain aussi fort que 3 nuites par semaine et je pense qu'on y est arrivés. La première partie de la chanson est très lourde... J'avais le refrain depuis longtemps, mais je n'avais pas le couplet et en fait, bah c'est simple, j'ai reouvert le livre d'Alice au pays des Merveilles « Aujourd'hui, comme tout est bizarre ». Effectivement, là, tout d'un coup, après s'être jeté de la falaise, on découvre si c'est mieux ou pas, s'il y a un après ou pas. C'est le rêve qui devient la réalité et on ira là où on ira, mais ensemble. Elle est vraiment unique cette chanson. Je pense qu'on ouvrira peut-être les concerts par ça.
Aujourd'hui je pleure – 3'28
On a pas du tout changé la construction du titre qu'avait écrit Aqme, on l'a juste joué ensemble. On a juste rajouté ce clavier hypnotique qui est récurrent sur tout le morceau. Là, ce qui est intéressant, c'est que c'est carrément une autre écriture qui est beaucoup plus radicale. Moi je suis plus évasif et plus irréel que Thomas. Mais, tout d'un coup, mettre cette chanson après Belle et Sebastianne, cela marque bien l'histoire. On avait besoin de ça à un moment du disque. Et puis cet enregistrement a aussi été quelque chose d'historique, je pense. Ca a été une expérience tentée et réussie. Je ne pensais pas vraiment qu'on y arriverait. Il faut être fou pour penser à des trucs pareils, mais c'est bien d'avoir un peu de pouvoir là-dessus... Aussi bien Aqme que nous.
Tallula – 2'58
C'est une berceuse. La fin du 2ème disque est plutôt calme – mis à part Harry Poppers – parce que je voulais terminer par ça. Pendant très longtemps, on a pensé mettre Talulla en track fantôme, et les gens qui l'ont entendu ont trouvé ce morceau très fort. Au départ, on ne devait pas le garder, et puis j'ai fait travailler le texte par Valérie et elle a trouvé ses mots justes à elle : ferme les yeux... C'était tellement évident. Ma fille de 4 ans par contre n'aime pas du tout cette chanson, elle pleure dessus. (Rires) C'est comme Pink Water, quand elle l'écoute, elle me dit : Il ne faut pas que tu partes et que tu ne reviennes jamais. (Rires)
Morphine – 5'33
Là, il y a Scala qui fait les chœurs. Autant sur Black Page et Ladyboy, il y a la petite chorale normande qui a découvert le studio, autant là c'est avec la chorale professionnelle et c'est elles qui font éclater la chanson à partir du moment ou je dis : I want to know... Elles sont incroyables là-dessus. C'est un des textes les plus poétiques que j'ai écrits. On voudrait vivre la jetée sans soleil, s'il te plaît ne change pas : c'est vraiment la promesse et le pacte réunis. On s'endort, on rêve et puis on fait la mort mais on ne sait pas en fait si on s'en sort, c'est une interrogation toujours...
Harry Poppers (avec Didier et Philippe des Wampas) – 2'55
J'ai fait écouter 3 – 4 titres à Didier, il a mis des textes sur 2, et en fait je les ai réunis sur celle-ci. Comme pour Aqme, c'est une rencontre qui vient du X-festival. Personne ne se connaissait avant, et maintenant tout le monde se connaît et se respecte. Ces collaborations sont vraiment le fruit de ça. Ici, il n'y a aucun lien avec les autres titres doubles parce qu'à la base ça devait être proposé avec Aujourd'hi je pleure en bonus... Et puis, après, on n'a pas voulu l'écarter parce qu'elle était vraiment bien. Alors oui, c'est sûrement la plus difficilement « plaçable » dans l'album, mais bon, en même temps, ça peut aussi faire partie du cauchemar... Et puis, quand je disais que cet album serait violemment romantiques et joyeusement pornographique, ben là le joyeusement pornographique, on y est ! Le titre c'est moi qui l'ai choisi, mais à vrai dire je n'ai jamais lu Harry Potter... Olivier est très fan, mais moi c'est comme le Seigneur des Anneaux ou Star Wars, c'est le genre de truc qui ne m'intéresse pas. J'ai juste trouvé ça marrant. Au départ, c'était 1969 puis après je me suis dirigé vers Mary Poppers, et finalement c'est Harry Poppers.
Starlight – 5'55
On voulait un truc totalement féerique. On termine avec un truc beaucoup plus lyrique et romantique. Olivier a trouvé ce gimmick qui reste dans la t^te, un mélange de Ashes to Ashes et de... le gimmick est super fort ! On voulait des voix un peu angéliques et c'est pur ça que Scala est arrivé dessus. Là, c'est le constat, moi j'adore quand je dis : « Je regrette ce que j'ai fait et tout ce que je ne t'ai pas fait / Je regrette d'y avoir cru comme si on avait su ». Comme si ce n'était pas la solution de se jeter d'une falaise, qu'il aurait peut-être fallu attendre...
Plus on avançait dans l'écriture et plus le concept de l'album se dessinait et je trouvais ça intéressant d'avoir ces horloges et des coucous qui deviennent barjos. Chez Luc Besson, au studio Digital Factory, dans la maison en Normandie, on est allé piocher dans leur banque de son. Comme c'est des bruiteurs de cinéma, on leur a demandés s'ils avaient des horloges, et ils en avaient des milliards ! On a choisi ce qu'on voulait et on a tout remélangé sur Pro Tools. C'est pour montrer que le film commence... et se déglingue. C'est pas un album pop, quoi !
Les portes du soir – 5'43
C'est le genre de titre qu'on a jamais fait, c'est une vraie nouveauté par rapport à l'actif et au passif d'Indochine. Ca a été composé par Marc, Oli et moi au tout début. Il a un esprit très live, ça part de tous les côtés...
J'avais aucune idée pour le texte mais j'avais vraiment envie de montrer qu'on va s'ouvrir vers quelque chose avec ce titre. On l'a co-écrit avec Matthieu Lescop (Asyl,ndlr). Au final j'ai un peu « réarrangé » quelques trucs. Par exemple, à un moment, je dis : « Est-ce que tu connais les portes du soir qui font pleurer l'intérieur des filles les jambes écartées, les yeux qui brillent ». moi je voulais mettre les « jambes repliées », mais j'ai finalement gardé sa version même si je trouvais que c'était plus mignon « les jambes repliées ». je m'imaginais ces deux personnes dans leur chambre en train d'angoisser un peu, repliées un peu comme des fœtus. Dès ce morceau, j'interprète ces 2 filles, ce qu'elles se disent, ce qu'elles pensent, ce qu'elles veulent exprimer, ressentir, etc.
Alice & June – 3'43
Pour l'album il y a 3 sources d'inspiration qui me sont arrivées. Quand je suis parti à Tokyo, j'ai rencontré des filles qui font partie d'un collectif manga, qui sont regroupés autour de Tokyo Bravo et Girl's Don't Cry. C'est des livres qu'on ne peut trouver qu'à Tokyo. J'en ai rencontré 2 ou 3, et elles font des histoires vraiment trash, mais absolument pas vulgaires... Ca m'a assez influencé, elles parlent de leur anorexie, elles parlent de leurs problèmes sexuels, elles parlent de pas mal de choses... Après, il y a eu le suicide de ces 2 jeunes filles qui ont sauté d'une falaise au mois de janvier l'année dernière, et il y a Alice au pays des Merveilles que j'avais acheté pour le raconter à ma fille et, en le redécouvrant, j'ai trouvé que c'était assez déglingué quand même. C'est presque un trip ! Ca a un peu mûri dans ma tête, et à partir de là, j'ai essayé de bâtir une histoire autour de deus jeunes filles sans âge qui se racontent des choses. Là c'est June qui parle à Alice, et plus tard on retrouve June parlant de ses problèmes à elle. Tu sais, aujourd'hui, on est soi-disant dans un monde de communication, mais on communique de moins en moins. Il y a les mails, les machines, les trucs, mais en même temps on ne communique que via Internet et on écoute personne en fait.
Pour en revenir à ces 2 filles qui se sont jetées d'une falaise, elles déclaraient depuis un bon moment sur leur blog qu'elles voulaient partir. Elles avaient lancé des signaux d'appel avant de passer à l'acte...
Ouais, ça prouve vraiment qu'on écoute personne... Et là, récemment, il y a encore deux filles qui ont sauté d'un immeuble en banlieue parisienne. En ce moment, il y a comme une vague de suicides collectifs d'adolescents. Ils ne veulent pas se suicider seuls. C'est assez curieux. Moi, je n'ai pas du tout envie de faire l'apologie de ça, bien au contraire, mais le constat est surtout qu'on écoute personne, qu'on ne les écoute pas... Alors que je pense qu'il n'y a pas grand chose, c'est un problème qui devrait être tellement facile à résoudre...
Gang Bang – 3'25
C'est parti d'un pattern de François, comme quoi un morceau peut partir de la batterie ! Ca parle entre autre du fait qu'il n'y a rien de pire quand t'es amoureux que d'être absorbé par autre chose. Moi ça m'est arrivé à l'école, d'être amoureux d'une fille, de penser qu'à ça, et effectivement mes carnets scolaires en résultaient. C'est pour ça que ça a l'allure d'un carnet scolaire. « Peut mieux faire », « Nul à l'oral », enfin, ce genre de choses... « Nul à l'oral », ça peut avoir une signification sexuelle... Aujourd'hui, les gens se donnent des notes genre « Elle tire bien cette meuf » ou vice-versa « Qu'est-ce qu'il embrasse bien ce mec ».
Adora – 4'40
Adora, en fait, le gimmick vient de moi. J'ai trouvé ce truc un jour, je l'ai présenté à Olivier, et en 2 jours c'est devenu ce morceau ; c'est un peu disco rock dans la rythmique. Pour Indochine, c'est pas une nouveauté, on a toujours voulu faire du rock qui fait danser les gens. Pour le texte, au départ, j'imaginais un truc complètement glauque dans ma tête : un mec en train de se faire fouetter par une maîtresse et qui aime ça, un truc complètement SM. Et puis, en fait, ça a dérivé sur ça, le fait de se torturer la tête pour rien ! Tout est mélangé en fait. Ca va bien avec ce titre et ce gimmick très incisif. Je pense que c'est une des chansons les plus modernes qu'on ait écrites à tous les niveaux. Pour moi, c'est du rock moderne ça. Dans le rythme et le fait qu'il n'y ait pas de refrain... c'est une écriture différente.
Ladyboy – 4'48
Qui était A la vie à la mort à l'origine à cause du texte parce que Ladyboy c'est une promesse. Le premier album, en fait, c'est la promesse. Les deux filles se font une promesse et la deuxième partie de l'album c'est le pacte, elles signent un pacte pour aller là où elles voudront. Et là, c'est presque une promesse de scout : « on se suivra à la vie à la mort, on sera deux mais peut-être qu'on sera 2000 plus tard ». Je trouvais le texte magnifique, mais ça, je n'en suis pas responsable... C'est Valérie (Rouzeau, ndlr) qui a écrit ça. C'est le titre que la maison de disque voulait absolument sortir en 1er single. C'est un des titres les plus évidents, l'un des plus forts mélodiquement. Ce qui est intéressant sur ce titre, , c'est cette idée d'évolution et de crescendo. Au début, ça part doucement, 1er couplet, 2ème couplet ça commence à se durcir, 3ème couplet ça se dégrade. Là, on est en train d'écrire le clip et, à mon avis, si on arrive à le faire, je pense que ça va être quelque chose d'assez fort.
Black Page – 4'26
Un titre qui a été écrit à Paris en une journée. C'est un petit peu un hymne gothique. Oli a trouvé ce pont incroyable. Moi, pour le refrain, je voulais ce truc avec des lalala, donc on a tourné un petit peu, 5-10 minutes autour des ces accords, et puis c'est venu très vite, très vite.
Pink Water (avec brian Molko) – 5'18
On était au mois de septembre 2004, j'étais parti en week-end rejoindre ma fille pour ne pas trop m'éloigner d'elle, et j'ai laissé Olivier tout seul dans le studio en Normandie. Quand je suis revenu, il avait écrit cette chanson, il en avait la base mélodique, quoi. Donc je suis arrivé le lundi après-midi et le soir elle était faite au niveau de l'écriture de la voix avec une phonétique anglaise. A l'époque, ce n'était pas du tout un duo qui était prévu, et finalement il s'est passé ce truc avec Brian.
Tout le monde a entendu ça et tout le monde pense que ce sera un single, mais alors là, on rentre dans une configuration complètement... Justement, je l'ai eu hier au téléphone et on était un petit peu énervés parce que je pense que sa maison de disques à lui n'est pas tout à fait d'accord pour que ça sorte en single parce que Placebo sort aussi un album. Et là, on entre dans des considérations de marché ! Et hier, on se disait, mais putin c'est con, c'est comme les Rolling Stones et les Beatles, on a fait un truc super cool sans aucune arrière-pensée, et finalement c'est la guerre économique ! Perso, je ne pense pas que si ce titre sort en single dans 6 mois ou 1 an, il torpillera les ventes de Placebo ! Mais là, on s'adresse à plus haut que nous ! C'est à dire que, lui comme moi, on est pas les maîtres de l'échiquier. Mais bon, le principe, c'est qu'elle existe sur l'album. Après, single ou pas, je m'en branle. Et puis si finalement les radios décident de s'en emparer un jour, personne ne pourra non plus les empêcher de le faire !
Un homme dans la bouche – 5'05
C'est un titre qu'une partie du groupe a trouvé vulgaire, mais moi c'est une de mes chansons préférées. C'est un titre très nonchalant. La phrase la plus simple dans ce titre c'est : J'ai un petit amoureux mais il ne me voit pas. On est ensemble mais personne nous voit.
Vibrator
Ca c'est un titre qu'on a composé comme ça en une journée. On recevait ce jour là un garçon qui était atteint d'une leucémie, apparemment en phase de rémission. C'est un gamin qui adore tout ce qui est Korn, etc. et qui voulait absolument nous voir en studio. En fait, il a assisté complètement à la création de ce morceau. Le refrain peut presque faire penser à un truc comme Queen Of The Stone Age, le refrain est plus lyrique alors que le reste de la chanson est totalement punk. On a rajouté aussi quelques cris tirés des vidéos amoureuses que Boris emmène généralement avec lui en tournée... (Rires)
Ceremonia – 3'37
Ca aussi, c'est vraiment l'une de mes préférées. On m'a dit qu'il y avait un peu une ressemblance avec Les Cranes sur le pont et c'est plutôt juste. Dans le texte, la fille se retrouve seule dans sa chambre, en s'interrogeant sur elle, sur ce qu'elle va devenir, et si on va finir par l'entendre. C'est le rêve aussi. Elle attend qu'in prince charmant vienne la cueillir. Combien de fois j'ai vécu aussi , à 15 ans, d'être seul dans ma chambre en me demandant qui m'écouterait un jour. Là, c'est la fin de la promesse, et la suite va être beaucoup plus hard...
Intro 2 – 0'42
Même trip que l'intro du disque 1 mais cette fois ci avec des boîtes à musique. Le temps se déglingue dans la première partie, et là c'est le matériel et la musique qui se déglinguent.
June – 5'04
Certainement mon titre préféré. Je trouve que c'est un des titres les plus forts de l'album. C'est une chanson sur l'anorexie et je me demandais comment écrire quelque chose là-dessus sans faire un truc juste pour se donner bonne conscience. Finalement, j'y suis aller franco et je ne pensais pas que cette chanson allait provoquer presque un malaise dans les paroles. L'anorexie, c'est quelque chose d'impalpable, incompréhensible, et qui énerve beaucoup les gens, je pense. Dans cette société d'opulence, de foie gras et de consommation, le fait de refuser de manger ou de se faire vomir énerve.
Sweet Dreams – 4'59
Au départ, c'était le nom de code. Je n'ai pas voulu le rebaptiser même si cela peut faire référence au titre d'Eurythmics ou à la reprise de Marilyn Manson. Ce titre est vraiment un doux rêve. Le refrain est très « pop », presque coldplayien, et tu as un couplet qui fait presque penser aux premiers Radiohead dans les accords. Ouais, c'est vraiment une chanson que j'aime beaucoup. Olivier avait du mal à la produire, il l'a pensée trop pop, et là, Dave Bascombe a vraiment fait du bon travail au mix parce qu'on arrivait pas à faire sonner cette batterie sans qu'elle fasse trop pute variète ! (Rires) C'est une chanson que certains aimeront et que d'autres détesteront, mais moi elle me touche beaucoup. C'est un bel acte d'amour.
Crash Me – 5'30
On a piqué le « Welcome to our Paradise » sur un des films qu'on a trouvé dans la DVDthèque de Besson où il y avait des films de Klapish, Ni pour ni contre (bien au contraire) avec Marie Gillain. C'est un braquage qui tourne mal, et en fait elle récupère toute la thune, se retrouve toute seule, elle va à Miami et est accueillie par une Américaine toute fripée qui lui dit : Welcome to our Paradise. Je trouvais que c'était un joli clin d'œil à Paradize. Et là, c'est le pacte qui devient réalité. Là on est au bord de la falaise. On est pratiquement au bord, c'est pour ça que j'ai appelé cette chanson Crash Me... C'est la chanson préférée de Oli et Dave. Boris l'adore aussi.
Belle et Sebastianne – 3'38
Là, c'est une sorte d'hymne. Ca faisait très longtemps que j'avais envie de retrouver un refrain aussi fort que 3 nuites par semaine et je pense qu'on y est arrivés. La première partie de la chanson est très lourde... J'avais le refrain depuis longtemps, mais je n'avais pas le couplet et en fait, bah c'est simple, j'ai reouvert le livre d'Alice au pays des Merveilles « Aujourd'hui, comme tout est bizarre ». Effectivement, là, tout d'un coup, après s'être jeté de la falaise, on découvre si c'est mieux ou pas, s'il y a un après ou pas. C'est le rêve qui devient la réalité et on ira là où on ira, mais ensemble. Elle est vraiment unique cette chanson. Je pense qu'on ouvrira peut-être les concerts par ça.
Aujourd'hui je pleure – 3'28
On a pas du tout changé la construction du titre qu'avait écrit Aqme, on l'a juste joué ensemble. On a juste rajouté ce clavier hypnotique qui est récurrent sur tout le morceau. Là, ce qui est intéressant, c'est que c'est carrément une autre écriture qui est beaucoup plus radicale. Moi je suis plus évasif et plus irréel que Thomas. Mais, tout d'un coup, mettre cette chanson après Belle et Sebastianne, cela marque bien l'histoire. On avait besoin de ça à un moment du disque. Et puis cet enregistrement a aussi été quelque chose d'historique, je pense. Ca a été une expérience tentée et réussie. Je ne pensais pas vraiment qu'on y arriverait. Il faut être fou pour penser à des trucs pareils, mais c'est bien d'avoir un peu de pouvoir là-dessus... Aussi bien Aqme que nous.
Tallula – 2'58
C'est une berceuse. La fin du 2ème disque est plutôt calme – mis à part Harry Poppers – parce que je voulais terminer par ça. Pendant très longtemps, on a pensé mettre Talulla en track fantôme, et les gens qui l'ont entendu ont trouvé ce morceau très fort. Au départ, on ne devait pas le garder, et puis j'ai fait travailler le texte par Valérie et elle a trouvé ses mots justes à elle : ferme les yeux... C'était tellement évident. Ma fille de 4 ans par contre n'aime pas du tout cette chanson, elle pleure dessus. (Rires) C'est comme Pink Water, quand elle l'écoute, elle me dit : Il ne faut pas que tu partes et que tu ne reviennes jamais. (Rires)
Morphine – 5'33
Là, il y a Scala qui fait les chœurs. Autant sur Black Page et Ladyboy, il y a la petite chorale normande qui a découvert le studio, autant là c'est avec la chorale professionnelle et c'est elles qui font éclater la chanson à partir du moment ou je dis : I want to know... Elles sont incroyables là-dessus. C'est un des textes les plus poétiques que j'ai écrits. On voudrait vivre la jetée sans soleil, s'il te plaît ne change pas : c'est vraiment la promesse et le pacte réunis. On s'endort, on rêve et puis on fait la mort mais on ne sait pas en fait si on s'en sort, c'est une interrogation toujours...
Harry Poppers (avec Didier et Philippe des Wampas) – 2'55
J'ai fait écouter 3 – 4 titres à Didier, il a mis des textes sur 2, et en fait je les ai réunis sur celle-ci. Comme pour Aqme, c'est une rencontre qui vient du X-festival. Personne ne se connaissait avant, et maintenant tout le monde se connaît et se respecte. Ces collaborations sont vraiment le fruit de ça. Ici, il n'y a aucun lien avec les autres titres doubles parce qu'à la base ça devait être proposé avec Aujourd'hi je pleure en bonus... Et puis, après, on n'a pas voulu l'écarter parce qu'elle était vraiment bien. Alors oui, c'est sûrement la plus difficilement « plaçable » dans l'album, mais bon, en même temps, ça peut aussi faire partie du cauchemar... Et puis, quand je disais que cet album serait violemment romantiques et joyeusement pornographique, ben là le joyeusement pornographique, on y est ! Le titre c'est moi qui l'ai choisi, mais à vrai dire je n'ai jamais lu Harry Potter... Olivier est très fan, mais moi c'est comme le Seigneur des Anneaux ou Star Wars, c'est le genre de truc qui ne m'intéresse pas. J'ai juste trouvé ça marrant. Au départ, c'était 1969 puis après je me suis dirigé vers Mary Poppers, et finalement c'est Harry Poppers.
Starlight – 5'55
On voulait un truc totalement féerique. On termine avec un truc beaucoup plus lyrique et romantique. Olivier a trouvé ce gimmick qui reste dans la t^te, un mélange de Ashes to Ashes et de... le gimmick est super fort ! On voulait des voix un peu angéliques et c'est pur ça que Scala est arrivé dessus. Là, c'est le constat, moi j'adore quand je dis : « Je regrette ce que j'ai fait et tout ce que je ne t'ai pas fait / Je regrette d'y avoir cru comme si on avait su ». Comme si ce n'était pas la solution de se jeter d'une falaise, qu'il aurait peut-être fallu attendre...